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[blog] Entretien d’emba...rquement

dimanche 11 octobre 2009

Nous l’avions convenu au téléphone quelques jours plus tôt. Me voilà donc un samedi matin, pluvieux, à prendre le train pour le rencontrer. Voir d’un peu plus près à quoi nous ressemblions mutuellement, si la confiance qui semblait surgir au téléphone se confirmait en face-à-face.

8h21, sortie de la gare

J’ai évidemment mal dormi la nuit précédente, tout autant stressé par cette nécessité de séduire, sur un terrain où je ne suis pas - a priori - en position de force ; inquiet d’être déçu par ce marin qui m’avait fait forte impression au téléphone.

Je m’endors, je ne verrai passer - brièvement - que la gare de Valence, avant de ressombrer. Je rouvre un œil à l’annonce de la première halte, et j’en profite pour descendre sur le quai fumer ma cigarette.

11h27, Marseille

Il m’attend à la gare avec son « amie », direction l’ancien petit village de pêcheur qu’il habite maintenant. Nous déjeunons tous les trois au bord du port. C’est un pur, qui refuse d’utiliser le moteur en cas de pétole, uniquement pour les manœuvres de port et sortir des situations d’urgence. Le pilote automatique ? Même combat, il n’est là qu’en cas de secours. J’aime ça.

13h15, déjeuner devant le port

Même s’il me pose quelques questions, sur ma motivation, mon passé, il monopolise la parole. Il aime ça, et est intéressant. Il connait son bateau (le cinquième) sur le bout des doigts, mais aussi la météo, la peinture sur les coques en aluminium, plein de sujets. Il peut m’apprendre beaucoup, j’aime ça.

Il cherche beaucoup à me dégoûter, ou plutôt me montrer le côté moins romantique de la voile, le froid, la souffrance, la durée. Il parle et reparle de cette navigation quasi solitaire, où nous nous relayerons à deux pour faire - bien - marcher ce bateau, en toute indépendance l’un de l’autre, mais toute dépendance surtout. Je ne peux pas le rassurer sur une perfection que je n’ai pas, juste sur la motivation qui fait correspondre ce convoyage exactement à mes attentes actuelles. Sa copine n’a pratiquement pas participé à la discussion, elle qui ne pratique que la plage avant du voilier, et refusait qu’il fasse ce voyage seul.

15h45, 2h à attendre

Nous terminons le déjeuner, il me demande 24h de réflexion, ce qui me pousse évidemment dans des abîmes de réflexion : sur quoi n’ai-je pas été bon ? J’essaye de repasser notre conversation dans ma tête, voir ce qui pourrait le refroidir. Mais j’ai été franc, sur mes faiblesses comme sur mes certitudes, sans forfanterie. Je me calme, ça n’est qu’une question de confiance, ça ne dépend pas de moi. Je fais le tour du port, sous le mistral, regarde tous ces bateaux à quai qui m’évoquent le grand large. Espoir, espoir, espoir !

16h30, face à la mer

Il me reste deux heures à tuer, seul, avant qu’il me raccompagne à la gare. Un autre tour du port, dans l’autre sens, et je finis par me poser sur la plage. Il faut chaud, le clapot méditérannéen est fort, un grand père vient faire sa natation, pendant qu’un père entraîne son fils encore craintif à la pratique de la planche. Je rejoins le rendez-vous en avance, passant par les petites ruelles colorées du village, c’est paisible, pittoresque, moins tape à l’œil qu’un St Trop’.

Je le retrouve, visage fermé, il ne dit presque rien, laissant son « amie » faire la conversation, et tout le long du trajet vers la gare il ne dira presque rien. Ça s’annonce mal. Je me fais discret au fond de la voiture.

18h15, quai de la gare

Quelques mètres avant d’arriver à la gare, il me glisse entre deux phrases que “finalement ça sera bon, Ydikoi, je te tiendrai au courant pour la date exacte”. Je ne sais pas quoi répondre, juste un “super !”, dire au revoir, et laisser éclater ma joie, intérieurement.

Je remets mes écouteurs en arrivant sur le quai, lance la musique. Je longe la ligne de bordure de quai, Mika à fond dans les écouteurs, et je plane, vraiment.

22h11, Paris

Le train arrive. Je m’effondre, encore de la fatigue à récupérer. Je n’émerge que lorsque le contrôleur me secoue, en s’excusant gentiment de me réveiller. Puis quelques minutes avant Paris.

La journée est finie.

Je pars !!!!

Vos commentaires

  • Le 22/10/09, Guillaume En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    Alors...

    1. Mika, c’est nul...

    2. Tu pars, c’est nul... As tu pensé à moi ? Hein ? Toi, tu pars, tu vis ta vie, sans penser aux autres ! Et surtout à moi ! Alors, égoiste, hein, ca perce enfin ce fond égoiste qui ne pense qu’à lui et même pas à moi ! Bordel, mais qu’est ce que tu vas aller faire là bas, loin de moi, alors qu’ici, j’ai plein de questions à te poser, des coups de mains à me donner, des conseils à me prodiguer, des bouts de codes à m’envoyer... Comment je vais faire moi ! Hein ?

    EGOISTE !

    PS : Merdum... :)

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  • Le 13/10/09, France En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    Tu la trouves rassurante (question caractère) la manière du monsieur de tirer la gueule, ce qui te fait croire que c’est plié, puis de finalement te grogner que c’est bon ? C’est pour une quinzaine de jours, cela dit donc s’il n’est pas causant, c’est peut-être pas plus mal ;o)))
    Bons vents !

    répondre ︎⏎

  • Le 12/10/09, Ydikoi En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    @françois : :-D oui, à moi les focs :-D

    @france : (kiss)

    répondre ︎⏎

  • Le 12/10/09, François En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    ce sera donc toi le gaillard d’avant :-))

    répondre ︎⏎

  • Le 12/10/09, France En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    Ouaip. Très contents même. Moi j’aime pas quand les gens sont vont... mais s’ils reviennent, ça va. ;o))

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  • Le 11/10/09, comete En réponse à : Entretien d’emba...rquement

    Ben on va dire...« super ».
    Content pour toi.
    yapuka

    répondre ︎⏎

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