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[blog] Oui, la capote est un problème !

vendredi 27 mars 2009

Maintenant que la pression du bal des faux-cul (mais pas que, j’en conviens) est retombée, il est temps pour moi de mettre mon petit grain de sel.

Sur le plan de la rhétorique, je ne trouve rien à redire à ce qu’à déjà publié Maître Eolas, bien mieux que je ne l’aurais fait, forcément, même si j’aurais développé un ou deux point en plus (notamment la méconnaissance de la réalité africaine de la part des critiques anti-papales - car, ne l’oublions pas, le Pape allait en Afrique, il parlait pour l’Afrique).

Non, maintenant que le sidaction est terminé, que tout le monde a deversé son fiel sur la position papale - sur la base d’informations tronquées la plupart du temps -, et nous a expliqué que la capote c’est super, un méga top drôle jeu sexuel, et d’ailleurs ça emmerde plus personne maintenant qu’il y en a sans latex, ou à la fraise, ou la banane, et maintenant qu’on a trouvé une autre ambulance sur laquelle tirer, c’est le moment pour faire mon coming out : oui, la capote est un problème.

(on se calme, on attend de lire la suite)

(non, je ne suis pas me définis plus comme catho)

(tout le monde est calme ? on continue alors :))

C’est fiable

Je me souviens dans les années 90 d’une vague rumeur qui racontait qu’une étude anglaise donnait le préservatif fiable à seulement 90%. Mais je n’ai jamais réussi à en trouver la trace. Il faut dire aussi que cette rumeur était plus que sujette à caution, puisque circulant dans les milieux anti-PD, et donc dans ma famille. Je l’ai retrouvée il y a peu, dans un forum quelconque.

Alors j’ai cherché, et j’ai trouvé ça dans wikipedia :

L’efficacité du préservatif dans la prévention des IST n’est connue qu’approximativement, et varie, selon les études disponibles, entre 60 et 96 % environ (par exemple, une méta-étude de 1993 conclut à une réduction du risque de 69 % ; une autre étude de 1994 donne 87% moyenné (entre 60% et 96%) même si ces études concluent au peu de fiabilité de leurs propres mesures).

Si wikipedia dit réellement une connerie, alors les mecs de act-up, aids & co, vous attendez quoi pour le faire modifier ?

Si c’est vrai, deux remarques :

  • la première est que ça ne me surprend pas tellement : je connais quelques personnes (pas plusieurs, non, juste quelques unes, donc pas assez pour en faire une statistique), qui se sont fait contaminer par le VIH alors qu’elles déclarent avoir toujours utilisé une capote.
  • on se fout de savoir si la marge d’erreur est de 4% ou de 10%. Ce qui en ressort par contre c’est que, non, la capote n’est pas fiable à 100%.
    Pour certains, 4% est une marge d’erreur acceptable. Pas pour tous, pas pour ça.

Un petit exemple : j’ai appelé un jour AIDS pour savoir ce qu’il en était de l’utilisation de la capote dans les saunas / hammam, endroit de copulation malgré tout assez fréquenté dans le milieu homo : la chaleur est mauvaise pour les capotes, est-ce que ça veut dire qu’on prend un risque en les utilisant dans ces endroits ?

La réponse aurait été simple : soit un “c’est bon, allez y, no souci, il ne fait pas assez chaud”, soit alors “halte là, danger, leur chaleur excessive rend les capotes poreuses ; chauffez-vous, draguez-vous, et allez ensuite faire votre affaire dans une cabine”.
Mais je n’ai jamais eu d’autre réponse que des phrases elliptiques, qui ne disaient ni oui ni non. AIDS n’a pas la réponse ? Peut être, mais vu la popularité des saunas chez les homos, ça touche alors à la faute professionnelle. J’ai en tout cas pris le parti, du coup, de croire que les capotes n’étaient pas adaptées à ces salles très chaudes, que pour une raison quelconque ce n’était pas dissible, et du coup, je chauffe, je drague, mais fais le cas échéant mon affaire ailleurs.

De toute façon, ce point là n’est qu’anecdotique, juste une illustration de ce que les associations de prévention / réaction, ou les « autorités compétentes » se sont enfermé, au nom du dogme "tout capote" (ni catholique ni papal, celui là) dans une logique absurde et mensongère.

C’est cool

La capote, c’est cool, ça existe dans toutes les tailles, coloris, goûts, ça fait partie du jeu sexuel ? Bah non. Désolé, mais non, 1000 fois non.

La capote, c’est chiant à ouvrir, c’est chiant à installer, surtout dans le noir. Pas pour vous ? cool. Mais pour moi, si, c’est comme ça, ça me casse tous mes effets.

A la fraise, banane, menthe, ce que vous voulez, la capote a un goût dégueulasse, un goût chimique quand ce n’est pas un goût de latex. Je ne dis pas que c’est le cas pour tout le monde, c’est le cas pour moi, c’est le cas pour plein de gens. Oui, on peut trouver que la capote a un goût dégueulasse, sans être anormal.

A la fraise, banane, menthe, en latex ou autre materiau plus moderne, la capote bloque les sensations. Pas pour tout le monde, non. Mais moi oui, et d’autres aussi.

Oui, la capote peut bloquer. Physiquement, psychologiquement, ce qu’on veut, mais non, la capote n’est pas toujours cooooool.

Oui la capote peut être perçue comme un “tue l’amour”, parce que ce qu’on aime, c’est le contact de la peau, de la chair, et pas celui d’un bout de plastique, parce que la capote empêche de prendre son pied. Pas tout le monde, moi si, et d’autres.

Alors, on fait quoi ?

Quand on ne peut pas baiser avec une capote, mais que le discours officiel soutend que les gens ’normaux’ n’ont pas de problèmes, et qu’on est par conséquent ’anormal’, il n’y a pas beaucoup d’alternative.

On peut décider de prendre notre pied, au diable le discours moralisateur unique, et advienne que pourra. Anormal pour anormal … 

De toute façon, il n’y a plus de risques, puisque dans le but (louable) de lutter contre la discrimination contre les séropositifs, on nous présente maintenant le SIDA comme une maladie chronique.

Pendant plusieurs mois il y a quelques temps de cela, comme tant d’autres, j’ai pris mon pied. Sans capote. Au début, je me disais "so what ?, on verra bien”, et rapidement je n’y pensais juste plus. On y pense plus.

Et j’ai pris mon pied comme jamais.

Jusqu’au jour où j’ai vu plusieurs de mes … contacts découvrir leur séropositivité, être malades, devoir se gaver de médocs à longueur de journée. Ils n’avaient pas trente ans, j’ai vu leur corps changer, ils ont changé.

Moi j’ai eu de la chance, une chance de cocu, une sur un milliard de millions, je m’en suis tiré sans la moindre MST. Rien. Nada.

Ou alors on arrête de prendre les gens pour des cons, et on les responsabilise.

On leur explique que dans 90% des cas, il n’y a pas de problèmes. Mais qu’il peut y en avoir, et qu’il y a des moyens de les arranger :

  • problème de prix ? c’est sûr, surtout quand celles qui sont distribuées gratos dans les établissements ne conviennent pas, c’est un budget. Les politiques n’avaient pas promis la capote à 15 cents (1 franc), à une époque ?
  • allergie au latex ? : capotes sans latex !.
  • problème de taille ? petits ou les grands gabarits, no soucis !
  • problème de culture, d’éducation, psychologique ? pourquoi ne pas en parler à son médecin, ou à un psy, par exemple l’asso des médecins gays ?

Mais surtout dire, et rappeler sans cesse, que dans tous les cas, le choix final restera toujours le même : se priver d’un bon coup, ou se priver d’une vie normale :

Il faut le réaffirmer sans cesse : les traitements contre le vih ne sont pas anodins. Les effets secondaires sont trop lourds : diarrhées, nausées, vomissements, neuropathies (qui entraînent des douleurs insupportables au bout des membres et des terminaisons nerveuses), rash cutanés et autres problèmes dermatologiques, calculs rénaux, troubles du comportement, insomnies, cauchemars, déséquilibres de la répartition des graisses qui déforment les silhouettes et causent des accidents cardio-vasculaires, ostéoporoses qui provoquent des fractures spontanées, etc.

Le sida n’est en aucun cas devenu une maladie chronique.

Oui, l’abstinence, c’est pas cool, pas cool du tout. Mais au moins ça n’empêche pas d’avoir une vie cool. D’avoir une vie, tout court.

Peut être qu’en donnant des clés pour comprendre, en respectant un peu plus leurs semblables et les traitant moins comme des demeurés, nos « sachants » pourraient alors dire, eux-aussi :

Oui, la capote peut être un problème pour certains. C’est normal.
Alors, soit tu prends sur toi, et tu baises pas, soit t’en mets une, et tu fais avec.
Parce que le sida, on n’en sort pas indemne

Vos commentaires

  • Le 11/05/09, Ydikoi En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    On est bien d’accord.

    Mais quelle proportion de familles, ou d’écoles, collèges ou lycées, où l’on en parle comme ça ? Où démonstration est faite ? Combien de publicités, à des heures de grande écoute, sur l’utilisation du préservatif, comme en grande bretagne ?

    Si l’on approche un tant soi peu d’un pourcentage raisonnable (mettons … 50% ?) alors je retire tout ce que j’ai dis et effectivement, il n’y a pas de problèmes avec les capotes.

    répondre ︎⏎

  • Le 05/05/09, pn1ted cod5killer En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    +100 pour le message precedent

    répondre ︎⏎

  • Le 30/04/09 En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    Dire que le préservatif est efficace à X % c’est prétendre qu’il a un défaut.
    Or S’il est bien mis, c’est-à-dire :
    avec la bonne taille
    sans déchirer l’emballage inconsidérément
    sans le manipuler avec doigts sales
    sans le contaminer par des doigts ou des parties corporelles non exempts de trace de sperme ou autre liquide pré-éjaculatoir
    en pressant le petit vase d’expansion avant de l’enfiler
    en s’en servant dans les minutes qui suivent sa mise en place (pas trois heures après quoi !)
    sans le déchirer lors des préliminaires amoureux
    en employant des préservatif sans gel uniquement pour les rapports bucco-génitaux (une pipe pour ceux qui font semblant de ne pas comprendre)
    en employant des préservatifs plus résistants (épaisseur) pour la sodomie
    en expliquant à ses enfants tout ceci AVANT et non après leurs premiers rapports
    Il est efficace à 100 %

    Amenuiser ce pourcentage sans préciser est aussi débile que de dire qu’un plâtre n’aide pas à réduire les fractures sous prétexte que certains mettent des plâtres de travers ou sur des entorses.
    Parce que si je me mets une aspirine dans l’oreille je ne calmerai pas ma céphalée.

    L’emploi du préservatif doit donc être précédé d’une explication, tout comme l’emploi du casque, que l’on doit porter avec sa jugulaire mise en place !

    Que le latex soit poreux est une chose (tous système moléculaire ou atomique, toute la matière l’est ! On le sais depuis la découverte de la radioactivité)
    Que, pour les préservatifs, cette porosité soit suffisamment faible pour stopper le virus ou une charge virale nécessaire à la contamination est une chose tout aussi certaine.

    Souvenez-vous que les murs des centrales nucléaires sont aussi poreux, mais leur construction garantit la sécurité. Idem pour la capote.

    De plus j’entends certains idiots (et non des moindres) qui prétendent que plus on distribue des préservatifs plus le SIDA gagne...
    Ces gens interprètent des chiffres sans aller voir le contenu.

    A ce tarif là je peux vous dire la chose suivante

    « Partout là où on renforce les contrôles routiers, on constate les taux d’accidents les plus élevés ! »
    Si on ne vous explique pas que c’est lorsque les taux sont élevés que l’on renforce ces contrôles, vous trouverez des ramollis du bulbe tout prés à vous dire que les contrôles aggravent la sécurité routière.

    J’en ai même vu un dernièrement à la télévision, il prenait l’avion pour l’Afrique.

    Enfin
    Messieurs et mesdames des religions,
    Les dogmes sont les caractéristiques des religions.
    Le propre des religions est donc basé sur l’ignorance,
    Mais le droit à croire en ces derniers est une liberté.

    Mais
    Quiconque déclare, avec autorité … urbi et orbi,
    En contradiction avec la médecine,
    Que distribuer des capotes aggrave le SIDA
    Commet un exercice illégal de la médecine.

    répondre ︎⏎

  • Le 16/04/09, Guillaume En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    Nan, pas morale, religieuse ! Si tant est qu’on puisse encore faire une distinction. La polygamie est un fait sociétale basée sur une acceptation religieuse, puisque les sociétés se sont moralisées et construites sur des idées et pratiques religieuses. La laïcité est une conception occidentale et très moderne.

    L’abstinence et la fidélité s’opposent en « idées » à un outil « la capote ».

    C’est un outil (Donc pas parfait) opposé à une idée (Donc pas forcément partagée).

    Et je ne te traite pas « de pauvre esprit craintif [par] un abrutissement religieux », j’ai un peu plus de respect pour ce que tu es. Même si tu lis des magazines bizarres, dont je tairais le nom par respect pour tes lecteurs.

    Oui, la capote est un outil efficace
    Oui, elle n’est pas la seule solution. L’abstinence en est une
    Oui, ces deux solutions s’opposent sur une vision de la relation, de la morale [religieuse] et de la place de l’individu par rapport à son plaisir et la société
    Non, tu n’es pas un andouille

    Love !

    répondre ︎⏎

  • Le 15/04/09, Ydikoi En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    Tiens, la fidélité, notion religieuse :’-))

    http://www.secretmessageservice.com...

    répondre ︎⏎

  • Le 15/04/09, Ydikoi En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    la fidélité n’est pas une notion religieuse, mais morale. donc profondément personnelle, parfois sociale, et parfois religieuse. Sortons donc les “barbus de toute religion" de l’équation, et évite de me traiter “de pauvre esprit craintif [par] un abrutissement religieux”, tu seras gentil :-)

    je mets ces deux éléments face à face (et pas du tout sur le plan religieux) pour une raison très pragmatique et rationnelle justement : je connais un bon paquet de personnes qui :

    • ne se reconnaissent pas dans le discours "la capote, c’est cool"
    • ont parfaitement bien intégré le message que le SIDA, c’est une maladie comme les autres et qu’on en meurt plus
    • et qui par conséquent ne mettent plus de capotes.

    je dis juste que tant qu’on ignorera cette catégorie de personnes, qu’on ne peut toucher qu’en ayant un discours honnête et responsable, on continuera à voir, dans nos pays développés, une hausse - ou au moins - une stabilité des contaminations.

    une dernière chose : je ne connais pas beaucoup d’africains, juste deux, dont un a monté une asso de lutte contre le sida. Et ce que j’ai pu retenir de ce qu’ils m’ont dit, c’est que si c’est facile de se procurer une capote dans les grandes villes, c’est parfois plus problématique en dehors. Et dans ce cas là, apprendre le mot "ceinture", c’est peut être pas plus mal comme remède.

    parce que même si l’abstinence est "le stade ultime de la désocialisation" (ouarf ouarf, franchement …), c’est toujours mieux que chopper une saloperie de virus …

    répondre ︎⏎

  • Le 14/04/09, Guillaume En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    Hello,

    La responsabilisation ? Oui, tu as raison sur le fond, mais ... Tu ne peux pas mettre l’un en face de l’autre des raisons idéologiques (Voire dogmatiques) de l’église, des raisons affectives (Barrières au plaisir, risques de mort, ...) et des raisons pragmatiques (Une relation sans préservatif = fort risque).

    Au delà de cette équation rapide et simple à 3 inconnues, la question de la capote est résumée en : « comment baiser en sécurité ? ». On peut pousser la logique à se dire « Vu l’infidélité, on pourrait même baiser avec capote quand on est en couple ». Or, la fidélité est avant tout un critère religieux, car rien dans les rapports sociaux n’interdit les partouzes, le prêt de conjoint(e) ou le « petit coup rapide avec la belle soeur »... La preuve, des ethnies le pratiquent même pour survivre (Cf. les innuits). La fidélité est un truc religieux. Acceptons le !

    Ce n’est pas faire un « coming out » de dire que la capote n’est pas l’arme absolue, c’est juste prendre le contrepied des pragmatiques, des rationnels, mais aussi des anti papes de tout poil. Et toute orientation sexuelle que tu aies (Du verbe avoir), c’est dangereux, c’est une position risquée.

    Je vois les jeunes autour de moi qui ne comprennent (encore) pas que le préservatif protège de la mort. Tout comme l’abstinence, qui est le stade ultime de la protection, mais qui est aussi le stade ultime de la désocialisation. L’acte sexuel est social, avant tout. Il permet l’échange (Et pas que de fluides corporels !), la relation, le plaisir, ... Bref, tout ce que les barbus de toute religion déteste.
    L’abstinence n’est pas socialement utile. Ce n’est qu’un abrutissement religieux de pauvres esprits craintifs. Je ne prône pas non plus la baise à tous les étages, comme on pourrait le penser.

    ++

    PS : Tu m’avais chauffé pour répondre, j’ai répondu.

    répondre ︎⏎

  • Le 02/04/09, France En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    L’éducation ? Apprentissage par l’erreur ? Genre, ne jamais laisser sa copine seule avec une paire de couilles bleues en moumoute ? Hum...

    répondre ︎⏎

  • Le 31/03/09, Ydikoi En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    Quand je dis que l’éducation, c’est possible :

     :-D

    répondre ︎⏎

  • Le 30/03/09, France En réponse à : Oui, la capote est un problème !

    ça marche aussi avec schtroumf, essaie, tu verras.

    répondre ︎⏎

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